Cancers
Les cancers représentent en France la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme. Santé Publique France copilote la surveillance épidémiologique et participe à leur prévention.
Source : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers
Des maladies fréquentes dont la survie augmente
Santé publique France, en partenariat avec l’Institut national du cancer (INCa), le réseau FRANCIM des registres des cancers et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL), publie régulièrement des estimations d’incidence des cancers, de mortalité et de survie en France. Ces informations contribuent à orienter, suivre et évaluer les politiques de lutte contre le cancer.
En 2018, le nombre total de nouveaux cas de cancer est estimé à 382 000 dont 54 % chez l’homme.
- Le cancer de la prostate reste le plus fréquent chez l’homme (50 000 nouveaux cas en 2015 – estimation non disponible en 2018), suivi des cancers du poumon et colorectal (respectivement 31 000 et 23 000 nouveaux cas en 2018).
- Chez la femme, le cancer du sein reste le plus fréquent (58 000 nouveaux cas en 2018). Viennent ensuite les cancers colorectal et du poumon (respectivement 20 000 et 15 000).
- L’évolution de l’incidence (taux standardisé) de l’ensemble des cancers entre 1990 et 2018 diffère selon le sexe, reflétant celle des cancers les plus fréquents en 2018 : le cancer de la prostate chez l’homme (un quart des cancers masculins en 2018), les cancers du sein et du poumon chez la femme (respectivement un tiers et 9 % des cancers féminins). Chez l’homme, l’incidence a ainsi peu augmenté alors qu’elle n’a cessé de croître chez la femme.
L’estimation du nombre total de décès par cancer s’élève en 2018, à 157 000 dont 57 % chez l’homme.
- Le cancer responsable du plus grand nombre de décès par cancer chez l’homme reste le cancer du poumon (23 000). Viennent ensuite les cancers colorectal et de la prostate (respectivement 9 000 et 8 000).
- Chez la femme, trois cancers sont responsables du plus grand nombre de décès par cancer : sein (12 000), poumon (10 000) et colorectal (8 000).
- L’évolution de la mortalité (taux standardisé) par cancer entre 1990 et 2018 est marquée par une diminution dans les deux sexes, plus prononcée chez les hommes.
Dans le monde, en 2018 [IARC 2018], on estime :
- A 18,1 millions le nombre de nouveaux cas et 9,6 millions le nombre de décès par cancer
- Qu’1 homme sur 8 et 1 femme sur 11 meurent de cette maladie.
- Qu’1 homme sur 5 et 1 femme sur 6 développeront un cancer au cours de leur vie
Entre 1989 et 2015, la survie nette à 5 ans s’est peu améliorée pour les cancers de mauvais pronostic étudiés (les tumeurs du système nerveux central en particulier) ou de manière insuffisante dans un contexte d’augmentation de l’incidence (poumon, pancréas…). Les gains observés sont généralement plus marqués chez les jeunes adultes que chez les plus âgés, excepté pour le cancer de l’ovaire où les gains s’observent à tous les âges.
Par ailleurs, les cancers du côlon et du rectum, du col de l’utérus, du sein et de la prostate demeurent des cancers de bon voire très bon pronostic, avec une survie nette à 5 ans estimée respectivement à 63% pour les deux premiers, 88% pour le sein et 93% pour la prostate chez les personnes diagnostiquées en 2010-2015.
Les données Survie par localisation sont disponibles au téléchargement en bas de page.
Des cancers évitables, des facteurs de risque modifiables
Un certain nombre de cancers pourraient être évités : en 2015, on estime en France métropolitaine, qu’environ 41 % des cancers chez les plus de 30 ans étaient attribuables à des facteurs de risque modifiables comme le tabagisme la consommation d’alcool, l’alimentation, le surpoids et l’obésité, certains agents infectieux, certaines expositions professionnelles, l’exposition aux ultraviolets naturels et artificiels…
- Chez l’homme, les causes majeures étaient le tabac et l’alcool responsables respectivement de 29% et 8,5% des nouveaux cas de cancers masculins, suivies de l’alimentation et de certaines expositions professionnelles, responsables chacune de 5,7% des nouveaux cas de cancers masculins.
- Chez la femme, les causes majeures étaient le tabac, l’alcool, le surpoids et l’obésité, responsables respectivement de 9,3%, 7,5% et 6,8% des nouveaux cas de cancers féminins.
Néanmoins, pour un certain nombre de cancers, les facteurs de risque relèvent encore du domaine de la recherche.
Des disparités régionales et départementales plus ou moins marquées
- Pour les cancers les plus fréquents (sein, prostate, colorectal), il y a très peu de contrastes géographiques en matière d’incidence. Par contre, la distribution spatiale de la mortalité de ces cancers est plus hétérogène avec une surmortalité observée dans la partie nord du territoire (cancers du sein et colorectal chez la femme) et dans les parties nord et centrale (cancers de la prostate et colorectal chez l’homme).
- La distribution de l’incidence, et surtout de la mortalité pour un certain nombre de cancer, reflète les facteurs de risque bien connus que sont le tabagisme et la consommation d’alcool (lèvre-bouche-pharynx, œsophage, foie, larynx pour les deux sexes et poumon chez les hommes).
- Il existe de fortes disparités géographiques pour quelques cancers : mélanome de la peau, système nerveux central, thyroïde, myélomes multiples.
- Dans les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique), on observe un excès d’incidence et/ou de mortalité pour les cancers de la prostate, du col de l’utérus, de l’estomac et les myélomes multiples. Certains excès se retrouvent en Guyane. A la différence de la métropole, les cancers de l’estomac et du corps de l’utérus font partie des cancers les plus fréquents dans les Antilles françaises, et le cancer du col de l’utérus est la deuxième localisation la plus fréquente chez les femmes en Guyane.
Pour en savoir plus, consulter les rapports d’incidence et de mortalité par cancer dans chaque région.
Quelques définitions et faits pour mieux comprendre
Qu’est-ce qu’un cancer ?
Le cancer résulte de la multiplication anarchique de certaines cellules de l’organisme. Ces cellules prolifèrent d’abord localement, puis dans le tissu avoisinant, puis à distance où elles forment des métastases.
Qu’est-ce qu’un cancer in situ, un cancer infiltrant, un cancer invasif ?
- On appelle cancer in situ, un cancer au stade précoce de cancer lorsque celui-ci est confiné à la zone immédiate où il a commencé et n’a pas envahi les tissus adjacents.
- On appelle cancer infiltrant ou invasif, un cancer dont les cellules ont envahi les tissus voisins de la tumeur.
« Cancer » : un terme générique pour désigner des maladies différentes
Le terme « cancer » recouvre des réalités différentes en regroupant un ensemble très hétérogène de maladies, tant du point de vue de leur histoire naturelle que des facteurs de risque, des conditions diagnostiques et thérapeutiques ainsi que du pronostic.
Diagnostiquer les cancers au début de la maladie
La détection d’un cancer à une phase précoce de son développement augmente de façon importante les chances de guérison.
Certains cancers peuvent être repérés par des tests simples. Ces tests permettent d’identifier, dans une population à risque moyen de cancer, les sujets qui ont un cancer mais n’en présentent pas les symptômes.
En France des programmes nationaux de dépistage ont été mis en place pour trois cancers : sein (2004), colorectal (2008-2009) et col de l’utérus (2018-2019).
La politique de lutte contre le cancer
Depuis 2003, la France s’est dotée d’une approche intégrée de lutte contre le cancer à travers les Plans Cancer successifs :
- Le premier Plan (2003-2007) a permis de structurer le paysage de la cancérologie et de créer l’Institut national du cancer (INCa), opérateur dédié disposant de moyens importants pour traiter la globalité de la question du cancer, de la recherche à l’après-cancer.
- Le Plan cancer 2009-2013 a mis l’accent sur la personnalisation des prises en charge et le déploiement des innovations thérapeutiques.
- Le Plan cancer 2014-2019 a pour premier objectif de répondre aux besoins et aux attentes des personnes malades, de leurs proches et de l’ensemble des citoyens. Il a notamment instauré le droit à l’oubli pour les malades.
Une stratégie décennale de lutte contre le cancer succèdera à ces Plans.
Inégalités et cancers
Les données épidémiologiques documentent :
- Des inégalités territoriales au sein de la métropole, mais aussi entre celle-ci et les départements d’outre-mer.
- Des inégalités sociales notamment pour ce qui concerne la prévention, l’accès au dépistage, le retard au diagnostic.
Une surveillance locale et nationale
La référence : les registres des cancers
Il existe en France depuis les années 1970, des registres de cancers généraux ou spécialisés qui permettent une surveillance épidémiologique locale et nationale des cancers.
- Les registres de cancers généraux recueillent des informations sur tous les cancers.
- Les registres de cancers spécialisés recueillent de nombreuses informations sur certains cancers (appareil digestif, hémopathies malignes, sein et autres cancers gynécologiques, système nerveux central, thyroïde, mésothéliome ou concernant des populations spécifiques (enfants et adolescents).
Le réseau FRANCIM créé en 1997, regroupe les registres des cancers évalués par le Comité d’évaluation des registres (CER). Il a pour objectif d’harmoniser les méthodes d’enregistrement et de codification des cancers, de coordonner et publier les travaux réalisés par les registres de cancers, de représenter les registres français des cancers auprès des instances compétentes dans le domaine de la santé, de contribuer à développer les recherches coopératives en santé publique et en épidémiologie analytique dans le domaine du cancer.
Un partenariat scientifique et financier pour la surveillance épidémiologique des cancers en France
Outre le réseau FRANCIM des registres des cancers, ce partenariat associe :
- le Service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL),
- Santé publique France,
- l’Institut national du cancer (INCa)
Ces 4 partenaires ont défini un programme de travail qui prévoit la production régulière des indicateurs essentiels à la surveillance des cancers en France et contribue à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation des politiques de lutte contre le cancer dans le cadre de plans nationaux ou de stratégies nationales.
Les données fournies par les registres sont complétées par :
- Les données médico-administratives issues du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) et des affections longue durée (ALD)
- Les données de mortalité fournies par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc, Inserm)
Des dispositifs de prévention en place
Diminution des facteurs de risque, en particulier :
- le tabagisme, notamment via le site tabac-info-service.fr
- la consommation d’alcool, notamment via le site alcool-info-service.fr,
- l’infection persistante à papillomavirus humains (HPV) qui favorise l’apparition des cancers du col de l’utérus, de l’anus et de certains cancers de l’oropharynx, pour le cancer du col de l’utérus, la prévention s’appuie non seulement sur la promotion de la vaccination anti-HPV notamment via le site vaccination-info-service.fr, mais aussi sur le dépistage.
- mais aussi sur le dépistage mais aussi d’autres infections : virus des hépatites B et C (cancer du foie, certaines hémopathies malignes pour le virus de l’hépatite C), bactérie helicobacter pylori (cancer de l’estomac, certaines hémopathies malignes)
- la sédentarité et l’obésité, notamment via le site mangerbouger.fr
La prévention des cancers concerne d’autres facteurs de risque, notamment ceux liés aux expositions environnementales, professionnelles. Ces facteurs font l’objet de programmes spécifiques au sein de Santé publique France.
Programme national de dépistage
Ces programmes s’appuient sur de nombreux acteurs, en particulier les structures départementales de gestion des dépistages et les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC).
- Pour le cancer du sein un programme national de dépistage organisé a été mis en œuvre à l’échelle nationale en 2004 afin de détecter précocement les cancers du sein pour en réduire la mortalité. Toutes les femmes de 50 à 74 ans ne présentant ni symptômes, ni facteur de risque particulier, sont invitées à réaliser, tous les deux ans, une mammographie de dépistage organisé dans des centres agréés.
- Pour le cancer colorectal, un programme national de dépistage organisé a été mis en œuvre à l’échelle nationale en 2008-2009 afin de détecter précocement les cancers colorectaux pour en réduire la mortalité. Toutes les personnes de 50 à 74 ans ne présentant ni symptômes, ni facteur de risque particulier, sont invitées à réaliser, tous les deux ans, un test de recherche de sang occulte dans les selles.
- Pour le cancer du col de l’utérus un programme national de dépistage a été mis en œuvre à l’échelle nationale en 2018-2019 afin de détecter des lésions précancéreuses et de les traiter avant qu’elles ne se transforment en cancer. Ce dépistage est recommandé chez les femmes de 25 à 65 ans y compris chez les femmes vaccinées contre le HPV car la vaccination ne protège pas contre tous les HPV liés au cancer du col de l’utérus.
Principaux enjeux stratégiques
Dans un contexte :
- d’augmentation et de vieillissement de la population française
- de cancers évitables – par diminution des facteurs de risque notamment
- de disparités régionales et départementales plus ou moins marquées selon les cancers
- de programmes nationaux de dépistage organisé pour les cancers les plus fréquents (hors poumon)
les principaux enjeux stratégiques de Santé publique France sont de :
- prévenir les facteurs de risque évitables
- développer les études sur les inégalités territoriales et sociales de santé, notamment à travers les études sur le stade au diagnostic, l’utilisation d’indices de défavorisation sociale
- évaluer l’impact des dépistages des cancers, notamment sur la mortalité
- développer la surveillance des thématiques émergentes (sous-sites topographiques de cancer, sous-types histologiques, risque de second cancer…)